L’ouvrage de La Ferté (Werk 505 pour les Allemands) est un élément avancé de la ligne Maginot : deux blocs reliés par une galerie souterraine de 275 m avec des coupoles et des cloches abritant des mitrailleuses mais sans artillerie lourde. Des canons de 75 se trouvent dans deux casemates fortifiées indépendantes, tournées l’une vers l’ouest, l’autre vers l’est.
L’abandon sur ordre des positions renforcées rive gauche de la Chiers dans la nuit du 14 au 15 mai laisse le champ libre à la Wehrmacht (71° ID) qui progresse et se heurte au village fortifié de VILLY que défend le 23° RIC pied à pied. Un déluge de tirs d’artillerie des deux camps bat ce secteur les 16 et 17 mai ; les attaques ennemies se succèdent, sans cesse repoussées. L’ouvrage subit le même déluge de feu.
Le 18 mai, dans VILLY en ruines, les Marsouins du 23° RIC résistent toujours, maison à maison, mais sont finalement écrasés sous le nombre et contraints de se rendre vers 16 h 30. Seuls quatre réussissent à gagner les lignes françaises.
Ce même 18 mai, l’ouvrage est la cible des tirs de 259 canons. La Ferté, la côte de St Walfroy sont noyés sous des tirs de fumigènes empêchant toute observation. Les casemates sont conquises. Des canons de 88 prennent ensuite les différentes cloches blindées pour cibles. Les pionniers progressent entre les salves. Avec des charges explosives, ils s’attaquent aux cloches cuirassées. L’une se bloque en biais ce qui permet l’introduction d’explosifs, de grenades, de fumigènes. Toutes les armes du bloc 2 sont neutralisées vers 19 h 30.
Une contre-attaque française se développe en début de soirée, appuyée par les chars B du 41° BCC dans le but de reprendre la cote 311 dominant le secteur, entre l’ouvrage et la forêt d’Inor, ce qui est fait mais dans des conditions difficiles. Cette opération détourne de l’ouvrage une partie des tirs de notre artillerie, ce qui permet aux pionniers de progresser.
À l’intérieur, des hommes commencent à tomber, victimes d’asphyxie. Le lieutenant Bourguignon, chef de l’ouvrage, demande à trois reprises l’autorisation d’évacuer par le côté est. Mais sa mission est de tenir : il doit tenir coûte que coûte ! Les pionniers allemands finissent par réduire toutes les armes des cloches du bloc 1. À 2h du matin, tout est fini ! Un dernier appel venant des tout derniers survivants est reçu par le fort du Chesnois le 19 mai à 5 h 30. Ensuite, c’est le silence … Après plusieurs tentatives sans succès, une reconnaissance française pénètrera dans le bloc 1 le 25 mai et découvrira des corps affalés, couverts d’une poussière noire.
Restés sous les tirs de l’artillerie française, les Allemands ne pénètreront dans l’ouvrage que début juin. Un groupe disciplinaire sera chargé de sortir les corps les 9 et 10 juin et de les enterrer dans une fosse commune. Travail atroce car ils sont en décomposition ! certains sont remontés à dos d’homme, dans une atmosphère pestilentielle. Les transports en surface se font sous les tirs français.
106 à 107 militaires français périrent dans leur cercueil de béton. La totalité des corps ne fut retrouvée que longtemps après car certains avaient été enterrés dans des trous d’obus, dès leur sortie et ne furent retrouvés que grâce à des témoins allemands.
Cette prise fut glorifiée par la propagande allemande qui organisa bien vite visites et tournages de films faisant croire à la prise de la ligne Maginot.
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