La Wehrmacht met en place la plus forte concentration d’artillerie de la campagne de France
Du 18 au 22 mai, l’État-Major allemand organise une concentration d’artillerie hors du commun, ce qui montre l’importance qu’il attache à la réussite de son plan d’encerclement.
La 16° ID aligne, notamment autour d’Haymoy et en-dessous de Stonne, 36 batteries à 4 canons, soit 144 canons de calibre 100. Elles tireront plus de 5 800 tonnes d’obus.
La 24° ID en aligne autant, notamment sur les collines face à Tannay et autour de Sauville ;
La 26° ID (General von Förster) (secteur Le Chesne-Attigny) s’y joint, en partie.
Leur est adjointe l’artillerie lourde du XVII° A K(General Kienitz), canons de 150.
Soit au total : 112 batteries de 4 canons = 448 canons
S’y ajoutent les moyens de l’infanterie :
mortiers de 50 : 18 par bataillon = 162
mortiers de 80 : 6 par bataillon = 54
antichars en grand nombre et un certain nombre de canons de 47 français récupérés au Sud de Sedan.
Sont également intervenus des mortiers de 200 libérés après la prise de l’ouvrage de La Ferté.
Des stocks de munitions imposants sont réalisés pour alimenter ces bouches à feu.
(Sources : Historique 16° ID et 24° ID – témoignages directs de vétérans)
23 mai
Dans la nuit du 22 au 23 mai, c’est l’enfer : nos services ont décrypté un ordre d’attaque allemand pour 3 h ; L’artillerie française déclenche des tirs de contre-préparation à 2 h 15 qui dureront jusque 15 h ; L’artillerie allemande déclenche ses tirs à 3 h : obus fusants, percutants ou fumigènes…qui dureront jusqu’au delà de 12 h. La durée et la densité de ces tirs entraînent de nombreux tués et blessés. Minutieusement observés par l’éternel mouchard dès le lever du jour, nos positions et nos déplacements sont pourchassés par les tirs d’artillerie et les Stuka. Un calme relatif n’intervient que vers 18 h.
Comme une zone marécageuse borde le Nord-Ouest et l’Ouest de la Forêt du Mont Dieu, deux zones de combats se dégagent : l’une à l’Est sur Le Mont Damion et La Berlière, l’autre à l’Ouest sur le canal des Ardennes et Tannay. Nous les examinerons l’une après l’autre.
RI: Régiment d’Infanterie – RA : Régiment d’Artillerie – GRDI : Groupe de Reconnaissance Divisionnaire-GRCA : Groupe de Reconnaissance de Corps d’Armée – BCC : Bataillon de Chars de Combat- IR : Régiment d’infanterie allemand – ID : Division d’Infanterie allemande – PAK :antichar
Secteur EST
Les bataillons des différents régiments de la 3° DIM sont répartis sur la face Nord du massif du Mont Dieu : d’Ouest en Est, du canal à Stonne : 1/91°, III/91°, II/51°, I/51°, III/51°, I/67°, II/91°, II/67°. Le III/67° est en réserve au Bois du Fay. La zone du I/91° reste calme. Le II/91°, posté derrière le fossé antichars, subit plusieurs attaques, avec préparation d’artillerie, toutes repoussées. A la Raillère, le II/51° résiste aux divers assauts. En fin d’après-midi, l’ennemi demande un cessez-le-feu pour ramasser ses morts et ses blessés. Il est accordé. Par contre, des infiltrations ont lieu dans la zone de l’Étang Fourchu défendu par le III/51° RI, certains éléments s’approchant de la clairière de La Grange au Mont. La situation demeure confuse l’après-midi, la liaison avec le I/67° RI n’étant pas réalisée.
Stonne est un point de résistance particulier. Cible des deux artilleries depuis plusieurs jours, il est vide d’occupants. Comme les Français ont été informés de l’attaque, ils déclenchent un violent tir d’artillerie de contre-batterie 40 mn avant l’attaque ; les cibles sont les pentes Nord de Stonne et le Bois de Raucourt. Le commandant HUBE de la 16 ° ID veut rompre la ligne de résistance française et concentre les premiers tirs d’artillerie sur le village. Puis le 64° IR venant des Bois de Raucourt attaque en force et l’occupe… sans mal puisqu’il est vide de défenseurs !
Le mouchard est omniprésent. S’y ajoute, vers midi, un ballon d’observation allemand au-dessus de Maisoncelle.
Hube veut enlever le Mont Damion défendu par le II/67° RI du capitaine Lejeune et conquérir la ferme des Cendrières défendue par la 7° Compagnie du II/67 et qui verrouille la vallée de La Berlière. A 4 h (heure française), les tirs d’artillerie sont dirigés sur ces deux cibles avec notamment des obus fumigènes. Mais comme ces derniers gênent les assaillants qui pensent à une attaque aux gaz française, ils sont suspendus à 4 h 35. Le II/60° IR (un groupe d’assaut et une section de pionniers) attaque la ferme des Cendrières. Le brouillard artificiel permet une attaque brutale qui surprend les défenseurs. La densité du feu abat la plupart des officiers (dont le Lieutenant Bes de Berc), mais la résistance est tenace. Pendant trois heures,les attaques sont repoussées. Les défenseurs s’accrochent à leurs positions, maison par maison. Postés dans les étages et sous les toits, leurs tirs meurtriers bloquent toute progression ennemie. Mais un tir arrive sur le dépôt de munitions qui explose. De plus, l’assaillant bloqué depuis plusieurs heures a fait appel à des renforts qui arrivent : la 5° Cie du 60°IR accompagnée d’un groupe de mitrailleuses lourdes. Les maisons sont en feu : les derniers défenseurs doivent se réfugier dans la cave du bâtiment qu’ils occupent. Submergés, les rescapés sont contraints de se rendre et de rejoindre leurs camarades déjà capturés : 30 survivants sur 120 ! Deux ont réussi à s’échapper et à rejoindre le PC.
De chaque côté, le nombre de morts et de blessés est impressionnant.
Pendant ce temps, le I/60 IR suivi du 79° IR attaque le Mont Damion par le Nord et l’Est. Il est accueilli par des tirs de mitrailleuses et de grenades. Une nouvelle attaque à 14 h est contenue par des tirs de mortiers. La défense est efficace, mais les munitions se raréfient.
La ferme de Franclieu est conquise par le III/79° IR laissant 10 tués et 38 blessés sur le terrain.
A 6 h 15 des fusées blanches indiquent que l’avant-garde du II/60° IR est parvenue au sommet en se glissant sur le côté Est, entre le II/67° RI et le 5° Régiment d’Infanterie Colonial Mixte Sénégalais RICMS). A 7h15, le 64° IR vient se joindre aux attaquants sur leur aile droite mais une attaque de blindés sème la panique dans ses rangs suivie, à 9 h, par des tirs d’artillerie ciblés sur la zone d’attaque entraînant des pertes importantes en peu de temps : 30 à la 2° compagnie, le capitaine et 8 hommes à la 4°, le chef de groupe à la 3°. « On n’entendait que des cris et des plaintes ! ».
Venant du Nord du Gros Boul, un groupe d’assaut du I/64° IR avec le Lt Weysen et le s/Lt Radü arrive en renfort et permet la continuation de la progression. Des éléments ennemis progressent également sur la route de La Berlière et attaquent maintenant de l’arrière. Les 6° et 7° compagnies du 67° RI sont submergées, presque encerclées, avec de nombreux tués (tous les officiers), blessés ou prisonniers, sans aucune liaison avec l’arrière. Comme l’ennemi a atteint les environs de La Berlière vers 17 h 30, les rescapés doivent se replier à travers les lignes ennemies, ce qu’ils font en s’ouvrant un passage avec leurs FM. Ils y parviennent mais beaucoup sont tués ou faits prisonniers.
Au soir, tous les officiers d’active du I/64° IR sont tombés, morts ou blessés. Le 32° IR (sauf le I/32) arrive en renfort à 15h30 et l’ensemble poursuit son avance avec l’appui de l’artillerie.
A sa gauche, le 79° IR poursuit sa progression en forêt, fort prudemment, car on redoute les tirs des Noirs du 5° RICMS embusqués dans les arbres. Guidés à la boussole par un officier, la petite troupe progresse à l’aveugle vers le Sud, aux aguets, craignant les attaques surprises et les confusions, car plusieurs groupes progressent sans liaison entre eux. Ils atteignent enfin la lisière Sud, sur le chemin de crête qui descend en pente douce vers La Berlière. Mais aucune liaison n’a pu être prise avec le 118° IR progressant dans les Bois de Sommauthe ! Les troupes coloniales (5° RICMS) opposent une forte résistance et ralentissent fortement la progression des fantassins du 79° IR non entraînés au combat en forêt.
Le III/79° IR poursuit et tente de conquérir le Mont du Cygne afin de gagner la Ferme d’Isly et de se relier à la 36°ID à l’Est. Mais la résistance est opiniâtre et les troupes sont clouées sur place, isolées en forêt, en grande difficulté pour être ravitaillées en vivres et en munitions. Le bataillon subit de lourdes pertes : les sanitaires sont débordés. Le II/79 envoyé en renfort subit le même sort. Sous les bombardements incessants des deux artilleries, les arbres de la forêt sont hachés, éclatés à mi-hauteur et leurs branchages ajoutés au sous-bois fort dense forment un « entremêlis » infranchissable, propice aux défenseurs.
En matinée, la compagnie de la Hitte du 42° BCC (H 39) renforcée par la section Chambert du 45° BCCGie (H 39) intervient au Nord de Oches pour s’opposer à l’avance ennemie au Mont du Cygne. Celle-ci est repoussée sur plus de 2 km mais, mal informés et démunis de carte d’Etat-Major, des chars s’embourbent (char Robin 45° BCCGie) dans la zone marécageuse des Bauzières (lit du ruisseau de Oches).
Dans cette situation, le II/79 IR décide de prendre position sur place et les hommes s’enterrent. Cette journée a été rude : 33 morts, 99 blessés et 6 disparus.
De nombreux Français se replient sur le village de La Berlière; davantage, venant des abords de Stonne se glissent sur la pente adverse, vers la route des Grandes Armoises.
Positionné au Sud de Stonne, à cheval sur la route de La Berlière, le II/91° RI craint l’encerclement. Vers 10 h, les 5° et 6° sections opèrent un repli partiel qui devient définitif à 13 h. Ce repli s’opère vers le Sud, à mi-pente, vers Sy et le Bois du Fay pilonné par l’artillerie ennemie. Les premiers franchissent rapidement le sommet de la côte, mais les derniers sont en ligne de mire des troupes ennemies qui progressent sur le versant opposé de la vallée. Des pertes sont à déplorer. Seuls 80 hommes valides et quelques FM parviennent à basculer dans le vallon de Sy. Mais des groupes n’ont pas été avertis : c’est le cas de celui de José Bouchez, situé en bordure de la route, aux abords de Stonne. Sans le passage de la chenillette-balai, c’était la capture.
Plus surprenant, le PC du bataillon (commandant Hanus) situé à mi-pente, 1 km au Nord de La Berlière, n’a pas non plus été alerté du repli et se trouve isolé, sous les feux des deux artilleries et des tirs des troupes ennemies qui lui font face sur les pentes Est de la vallée. Il rejoint difficilement le Bois du Fay. Au soir, environ 175 hommes sont regroupés au Bois de Sy.
Le II/64° IR longe la route des Grandes Armoises et poursuit vers le village où il est accueilli par des tirs venant des vergers environnants. Il finit par prendre position entre les deux localités, au-dessus de la route, car la nuit tombe.
Le 111/67° RI est chargé d’assurer la défense du secteur allant des lisières Nord du Bois du Fay à la corne du Mont Dieu entre La Barbière et la Grange au Mont. Il repousse inexorablement les attaques ennemies qui se répètent tout au long de l’après-midi. L’ennemi renonce vers 16h30.
Au terme de cette journée et malgré les moyens exceptionnels mis en oeuvre, aucun but n’est atteint par la Wehrmacht : pas de liaison avec la division voisine (36° ID), le 79° IR est bloqué et isolé au Mont du Cygne ce qui fait que Oches, objectif fixé, n’est pas atteint. Des pertes importantes sont partout enregistrées. Le front s’étire du Mont du Cygne aux abords de La Berlière, aux Grandes Armoises, à la ferme de La Grange au Mont, au Vivier. On s’apprête à vivre une prochaine journée encore rude, mais avec des forces amoindries.
Vers 21 h arrive la 1ère Brigade de Spahis qui vient conforter les arrières de la 3° DIM : le 6° Algériens dans le secteur de SY-Uchon, le 4° Marocains entre Oches et Les Grandes Armoises.
Un gros orage survient en soirée, calmant les dernières ardeurs de chaque côté.
Deux éléments perturbateurs sur le plateau de Stonne :
Des troupes momentanément sans directives :
La densité des tirs d’artillerie est infernale. Des batteries allemandes ont entrepris des tirs de ratissage sur le plateau : ce sont des tirs qui aspergent la largeur du terrain en progressant de quelques mètres à chaque fois. Rien ne peut y échapper. Le PC du I/67° RI situé dans un ravin des lacets de la route des Grandes Armoises à Stonne reçoit à 8 h une salve d’obus qui l’anéantit (5 rescapés sur 25). Ce bataillon est ainsi coupé de son régiment à partir de 8 h. Les blessés ne pourront même pas être évacués car les postes de secours sont débordés et contraints de se replier.
Presque au même moment, les tirs de l’artillerie française touchent les bases de départ du I/64° IR au pied de la côte de Stonne et éliminent la plupart des officiers en tête des différents groupes prêts à passer à l’attaque. Les feux de flanc de l’infanterie française postée en forêt du Mont Dieu causent également des pertes importantes, éliminant aussi plusieurs officiers. Au soir, tous les officiers du bataillon étaient ou tués ou blessés. Sans chefs, la troupe erre sur place jusque dans l’après-midi où, autour de quelques lieutenants, elle se dirige vers La Berlière et se contente d’occuper la cote 299 au Gros Boule.
Voilà pourquoi le plateau de Stonne connaît ce matin-là un flottement assez général. Seule la zone du Gros Boule exerce une résistance durable aux attaques latérales de l’ennemi.
Une énigme éclaircie 40 ans plus tard :
Dans la soirée du 23 mai, un groupe de fantassins attaque les positions françaises en bordure de forêt, à l’Ouest des Grandes Armoises. Ces positions sont en réalité le PC du 67° RI. Surprise des Français qui réagissent en tirant à l’aveuglette dans le noir. Survient une petite sonnerie de clairon et l’attaque est suspendue. Chacun s’interroge pour savoir de où vient cette troupe parvenue en pleine nuit au coeur de notre dispositif et qui s’est subitement évanouie. Énigme sans réponse pendant 40 ans, jusqu’au jour où Bernard Horen, officier du 51° RI, a finalement découvert le meneur de cette bizarre aventure.
Vu le piétinement des troupes de la 16° ID, des renforts sont venus de sa voisine, la 24° ID : les I° et II° bataillons du 32° IR sont chargés de s’emparer des hauteurs dominant les Grandes Armoises côté Nord. Starke, adjudant de la 1° Cie forme un groupe qui démarre à 13 h de la Grande Côte, progresse par la lisière des Bois du Mont Dieu puis est bloqué par les tirs de l’artillerie française jusque 15h. Se glissant vers La Grange au Mont, il est à nouveau stoppé par les tirs des 9° et 10° compagnies du 51° RI et, la nuit tombée, oblique vers la route de la Grange au Mont avant de sortir de la forêt pour tenter d’attaquer le village et le Bois du Fay. C’est là où il est accueilli en pleine nuit par les tirs (de revolver) de quelques membres des PC. Craignant la capture, Starke rassemble les hommes avec quelques coups de clairon et se replie silencieusement en forêt, au bas du chemin de La Grange au Mont. Là s’est arrêtée l’aventure ; Surpris par la résistance française, il doit se replier sur ordre venu de la 16° ID. Cette initiative jette un grand trouble dans les positions et les PC français !
Le 32° IR réussit à atteindre la route des Grandes Armoises à la Grange au Mont et à faire la liaison avec l’IR 64. Afin de préserver cette ligne de front, les Pionniers de la 16° ID posent des mines sur la route Les Grandes Armoises-La Berlière, en particulier aux virages qui précèdent le village. Cette progression a été chèrement payée : le II/64° IR a perdu 274 hommes depuis le début de la semaine !
Le Journal de Marche de la 24° ID « déplore qu’à la tombée de la nuit, le 32° IR ait été arrêté par la 16° ID pour assurer la protection du flanc droit au Bois du Mont Dieu. Pour obéir à cet ordre, le Commandant du 32° IR fut même obligé de ramener en arrière des unités qui se trouvaient en progression » (l’affaire Starke le montre !)…Le résultat espéré, prendre la cote 276, ne fut pas atteint« .
Secteur OUEST
La défense du canal, de la forêt du Mont Dieu à Pont Bar, est assurée par les éléments suivants du Nord au Sud : I/91° RI – 1er Hussards (2ème, 4ème puis 3ème escadrons) -16°Bataillon de Chasseurs Portés (BCP).
Après une intense préparation d’artillerie et, profitant d’un brouillard assez épais, la 24° ID attaque à l’aube en plusieurs lieux face à la ferme La Tuilerie ; le 102° IR franchit le canal et la Bar sur des péniches échouées, le pont resté intact et des passages vite réalisés par le Génie ; il s’infiltre, bataille et progresse dans le vallon du ruisseau de la Forge vers Nociève malgré la résistance des Hussards à la grenade et à l’arme blanche par endroits. Après un moment de surprise, une vive riposte survient des lisières Sud des bois du Mont Dieu, clouant sur place les avant-gardes du 102° IR. D’autres groupes ennemis progressent en direction de la cote 276, au Nord de TANNAY défendu par le 16°BCP. Quand le brouillard se lève, l’importance de l’attaque est manifeste.
Un bataillon du 39° IR appelé en renfort tombe dans les tirs de notre artillerie qui le disloquent.
A TANNAY défendu par le 16° BCP, les ponts sur le canal imparfaitement détruits et ceux construits par le Génie assurent le passage des troupes du 31° IR. S’y ajoutent les nouvelles troupes ennemies venant de la Tuilerie profitant du recul du 1er Hussards. Elles menacent le secteur Nord de Tannay où se tient la 3ème compagnie du 16° BCP (Capitaine Fosse) obligée de modifier ses positions pour faire face au Nord. Des tirs d’artillerie freinent l’avance allemande mais la 2ème compagnie du 16° BCP jusque là en réserve doit être engagée, en partie sur le village, l’autre partie à l’Est vers la cote 276. Le 93ème GRDI est engagé dans le secteur de la cote 276 mais doit finalement se replier sur la route des Grandes Armoises sous la pression ennemie. Des éléments du 16ème BCP, d’abord repliés sur la Bar se sont réorganisés et résistent dans la zone buissonneuse jusque vers 10 h ; finalement, la trentaine de combattants encore valides se replie par les fossés de la route jusqu’au carrefour de la Croix Desban. Vers 16 h, les hommes poursuivent leur repli vers Pont Bar et renforcent le centre de résistance en place. L’ennemi est bloqué au Sud du village mais il attaque sans cesse jusque 16 h. A 16h30, profitant de l’intervention des chars, le 16ème BCP parvient à reprendre le village. Au cours de cette journée, les chasseurs ont tiré plus de 25 000 cartouches !
Au Nord, débordés par le nombre, les Hussards se regroupent au carrefour de La Forge sous la protection des tirs du 91ème RI en forêt. A midi, l’avance ennemie le long du Bois du Mont Dieu est contenue, mais plus bas, elle est parvenue à la cote 276.
Vers 11 h, le 6ème GRDI lance une attaque sur Chantreune, Nociève et Tannay avec les AMD du 3ème escadron (Capitaine Renault) et le 4ème escadron moto (Lieutenant Mirabaud). Elle atteint la cote 276 mais suscite une violente réaction de l’artillerie ennemie, intense, violente, meurtrière : tous les officiers du 4ème escadron sont blessés. 8 Auto-Mitrailleuses de Découverte sur 12 sont touchées par les antichars du 102° IR (14° Cie). Un repli s’opère dans le Bois Uchon sous le commandement du Commandant Bodelot, remplaçant le Lieutenant colonel de Groulard, blessé.
Les Allemands attaquent sans cesse, créant une large poche qui inquiète le général Bertin-Boussu. La ligne de crête entre Tannay et le Mont Dieu est tenue par divers éléments qui freinent la progression ennemie par leurs armes automatiques : restes du 1er Hussards à La Forge, restes du groupe moto du 14ème GRCA dans le vallon menant au Bois triangulaire, 3° escadron du 8° Chasseurs cote 276, éléments du 93ème GRDI et restes du 6ème GRDI face au Bois Uchon. Mais le moindre mouvement est immédiatement repéré par le mouchard et soumis aux feux meurtriers de l’artillerie ennemie. Ils tiennent toutefois jusque 15 h.
Une contre-attaque est montée à 15 h par le général Gaillard. Le groupe moto du 14° GRCA (135 hommes relevés la veille) et le groupe moto du 93° GRDI (80 hommes) accompagnent les chars de 2 Cies du 45° BCC. Arrivant de Sy, la 3ème Cie (Capitaine Gobet) progresse sur Chantreune, puis La Forge, Le Moulinot, Mon Idée. Ils sèment la mort dans les rangs ennemis et parviennent à la route de Sedan. La 2ème Cie (Capitaine Delpal) attaque la cote 276 en passant au sommet du vallon de Nociève et par le vallon du Hochet de Nociève où s’étaient infiltrés de nombreux ennemis. Les chars progressent en faisant feu de toutes leurs armes dans tout le secteur (fort dénudé). Ils poursuivent les rescapés réfugiés dans le Bois Triangulaire (Bois du Chaufour), broyant buissons et jeunes arbres, écrasant tout sur leur passage. Après leur passage, le bois est rempli de cadavres du 102° IR. Une vingtaine de prisonniers sont emmenés à l’arrière.
Les quelques rescapés horrifiés s’enfuient, semant la panique parmi leurs camarades de l’arrière.
Les chars refoulent l’ennemi au-delà de la route nationale, ce qui permet aux cavaliers de réoccuper la crête 276. Dans le même temps, le 16° BCP a rejeté l’ennemi de Tannay et réoccupe les lisières Nord.
A gauche, le 6ème GRDI participe à la contre-attaque mais 3 de ses automitrailleuses rescapées sont détruites.
Dirigé par le mouchard, l’enfer ne tarde pas à se déchaîner : Stuka, antichars et artillerie endommagent de nombreux chars et fauchent les troupes qui cherchent à progresser : 2 sections sont littéralement écrasées par le déluge de feu. Cette pression ennemie contraint à un repli aux abords de la route des Grandes Armoises. A la 2ème Cie du 45ème BCC, 7 morts dont son chef, le capitaine Delpal et 11 blessés, 3 chars disponibles sur les 13 engagés (6 seront récupérés la nuit). Le groupe du 14° GRCA a perdu tous ses officiers. Au 1er Hussards, les pertes se montent à plus de 100 tués (dont le chef de corps et 2 capitaines commandants), blessés ou disparus. Les rescapés passent la nuit à rechercher les blessés, à enterrer les morts et à se réorganiser.
Les unités françaises (ce qui en reste !) s’accrochent à la cote 276 et à la ligne de crête au-dessus de Tannay. Aucune liaison n’a été trouvée avec le 1er Hussards, vers le Mont Dieu : ce vide inquiète. L’ennemi plus ou moins replié réorganise ses positions.
Durement éprouvé, le 45° BCC se replie sur ordre à 20 h et se dirige vers les bois au Nord de Brieulles sur Bar.
Rassemblent au Fond Barré, en attente d’intervention : 7 blindés avec le Lieutenant Dumont dès le matin, rejoints par 7 autres (Lieutenant Caraveo) à la nuit tombante. Dissimulés dans un bois, ils font le plein de carburant et de munitions et attendent les ordres car il est question d’intervenir entre Tannay et le Mont Dieu. La nuit tombe, les équipages peuvent se reposer sous la garde de sentinelles en armes et d’un officier de quart.
L’artillerie française installée autour de Sy (42° et 242° RA) – batteries de 75 et de 105- ouvre le feu dès 3 h du matin : tirs rapides qui annoncent une chaude journée ! La riposte allemande ne tarde pas : 77, 105 et 150. Ce marmitage réciproque se prolonge jusque 15 et 17 h. Sy est en feu ; dans les prés alentours gisent quantité de vaches tuées, le ventre gonflé, les quatre pattes en l’air. Spectacle désolant ! Dans le Bois de Sy, des obus tombent sur des caissons de munitions qui explosent. Les Stuka harcèlent les batteries, les mitraillent et déversent des torpilles qui s’ajoutent aux obus ennemis, tuant et blessant nombre de canonniers et mettant plusieurs pièces à mal. Les lignes téléphoniques filaires sont en pièces et il faut assurer les liaisons par des coureurs !!
Un orage éclate en fin d’après-midi permettant un rapide repli sur le Fond Barré, près de Saint Pierremont. Plusieurs pièces reprennent au soir leurs positions initiales.
C’est la journée la plus éprouvante, dira un rescapé, plus de 20 000 obus ont été tirés ce jour-là !
Le 319° RATT de la 3° DCR postée près des Petites Armoises participe au pilonnage des positions allemandes. Mais il est la cible d’un violent bombardement à 11 h qui détruit le PC, fait 2 tués et 4 blessés. Il est alors transféré dans une cave du village et des sentinelles sont placées à l’entrée du village car la fusillade semble proche.
Journée éprouvante pour les deux armées. L’ennemi a engagé des forces considérables : la 24° Division d’Infanterie, des éléments de la 26° Division d’Infanterie (77° IR qui arrive)… sur un front assez restreint. La troupe disposait de dotations importantes en antichars, mitrailleuses lourdes, armes diverses y compris les excellents 47 français récupérés au Sud de Sedan. L’artillerie a bénéficié en permanence des indications du mouchard ; l’aviation omniprésente est intervenue continuellement, bombardant les chars et mitraillant nos combattants. Malgré cette énorme supériorité, une seule bande de terrain a été conquise entre Tannay et la forêt du Mont Dieu. La résistance française a donc été efficace, mais à quel prix !
Tous les survivants du 102° IR seront décorés. Un officier du 31° IR a écrit : « Les Français ne veulent à aucun prix abandonner Tannay et l’imposante cote 276 dont une petite partie est déjà entre nos mains. On aperçoit sur la crête d’où nos troupes ont, après de durs combats, chassé l’adversaire, des chars français. Ils s’avancent tranquillement faisant feu de toutes leurs pièces, détruisant tout ce qui se présente dans leur champ de tir, au milieu de nos combattants épuisés qui cherchent à s’abriter…Impuissants, nous devons assister à l’oeuvre de destruction des engins français… La cote 276 est perdue. »
La nuit on enregistre des tirs d’artillerie ennemis assez continus, par rafales d’une cinquantaine d’obus de 105 et de 150, sur le Bois Triangulaire, la cuvette et la ferme de Nociève, le carrefour et sur Sy, ce qui accentue la fatigue extrême de nos troupes qui, épuisées, cherchent un peu de repos.
24 mai
Secteur OUEST
L’ennemi veut à tout prix s’emparer de la cote 276 qui domine tout le secteur. Surgissant de la brume matinale, les fantassins du 31° IR montent à l’assaut.
Le 16° BCP (Bataillon de Chasseurs Portés) défend âprement le village de Tannay. Dans la partie Nord (vers Le Mont Dieu), attaqués de deux côtés à la fois, les Chasseurs sont obligés de se replier en dessous du village où ils organisent un ilot de résistance. Dans le village, c’est un combat acharné, maison par maison, à la grenade. Jusque vers 10 h, la bataille fait rage dans les ruines fumantes ; le 16° BCP et les restes de trois pelotons du 3ème escadron du 1er Hussards venus en renfort, résistent courageusement. Vers midi, écrasés par les tirs et le nombre, les défenseurs sont contraints de reculer pied à pied, en utilisant les fossés de la RN 77, jusqu’au carrefour de la Croix Desban. A 13 h, le 31° IR attaque le groupe installé entre le village et le canal et l’oblige à se replier en bon ordre à travers buissons et plantations, vers le 3ème bataillon qui tient le carrefour de Pont Bar. Une ligne de résistance se reconstitue ainsi entre Tannay et le canal des Ardennes vers Le Chesne.
Le 2/93° GRDI, le 8° BCC et le 14° GRCA se répartissent la défense de la cote 276 entre Tannay et Chantreune. Une batterie du 2/42° RA, postée à La Fontaine Uchon, interdit toute progression dans ce secteur.
Le 2° escadron du 6° GRDI est toujours au Bois Uchon avec le groupement Gaillard. Il a subi de lourdes pertes et souhaiterait rejoindre son unité d’origine. A 15 h, le bois est à nouveau l’objet d’un violent bombardement auquel s’ajoutent les tirs d’armes automatiques d’éléments infiltrés dans le vallon. Le capitaine Bodelot et le capitaine Renault sont tués ainsi que 15 cavaliers. S’y ajoutent de nombreux blessés.
L’escadron du capitaine d’Estrées et un peloton moto tous deux du 6° GRDI sont mis à disposition du 6° Régiment de Spahis Marocains (6° RSM) de la 1° Brigade de Spahis (colonel Jouffrault). Il intervient au Nord-Est du Bois de Sy vers Oches dans des conditions périlleuses, mais réalise sa mission sans perte. La nuit, les 3° et 4° escadrons sont ramenés au Bois des Terres Rouges par le Lieutenant du Passage, adjoint de Bodelot décédé.
Le 2° escadron moto du 93° GRDI chargé de défendre les abords Sud de la cote 276 reçoit l’ordre d’avancer de 500 m, en plein à découvert, face à l’ennemi qui mitraille. Tout déplacement ne peut se faire qu’en rampant… La position est intenable ! Les cavaliers tiendront cependant jusque 15 h et recevront alors l’ordre de revenir sur leurs positions initiales, le mouvement se faisant à nouveau en plein à découvert… Seuls 41 combattants et un groupe de mitrailleuses de 7 personnes reviendront à la cote 276 !!! Le 1er peloton du 2°escadron posté au Sud-Est de Tannay reçoit la mission d’aller renforcer ce qui reste du 16° BCP dans Tannay. 17 cavaliers rampent péniblement sous les tirs ennemis très denses. Plusieurs sont tués ou blessés entre le village et la route des Grandes Armoises. Seuls 7 parviennent à s’abriter derrière les murs du cimetière. Une reconnaissance vers le village désert ne découvre que des cadavres dans des ruines encore fumantes. Le petit groupe décide alors de se replier.
Vers 16 h, des infiltrations ennemies progressent vers Tannay.
Vers 16h30, un violent tir de barrage sur le groupe d’artillerie de la Fontaine Uchon précède une attaque de fantassins. La pièce de 75, à l’aile gauche, tire à obus à balles à débouché 0, car les assaillants sont à 400 m. Le combat dure plus d’une heure, bloquant toute progression ennemie et éliminant les plus téméraires.
Pour dégager Tannay et ses environs, l’État Major a prévu une contre-attaque dans la matinée avec le 36° RI et le 49° BCC. En fin de nuit, le 49° BCC qui se trouve dans les bois du Mont des Grues, à l’Est de St Pierremont, gagne le Bois de Sy en fin d’après-midi. Hélas, le 36° RI qui vient de Villers devant Dun n’est pas arrivé et l’attaque doit être repoussée à 14 h puis à 18 h.
L’heure de l’attaque est maintenue, malgré l’absence du II/36° RI. Les chars de la compagnie Dumont suivis de ceux de la compagnie Caraveo gagnent le carrefour de Nociève. Les 10 chars de la compagnie du lieutenant Dumont interviennent au Nord à 17h30 en éventail. Au Sud, 2 chars B débouchent à 18 h 20 sur la crête au-dessus de Tannay. Après quelques tirs de 75, ils se replient à 18h35. Plus au Nord, à la cote 276 et au glacis de la ferme du Moulinot, les chars engagés sont pris sous un intense tir de barrage (75 et 105) et d’armes antichars, y compris de 47 français récupérés. Certains parviennent à la ferme du Moulinot où ils sont accueillis par de nombreux antichars ennemis en embuscade. Un obus tue le pilote du char du Lt Dumont, blesse l’aide pilote et détruit les commandes. Les survivants doivent abandonner le char et regagner l’arrière. En moins d’une heure, 10 chars sont mis hors de combat. Le manque d’infanterie d’accompagnement pour exploiter l’avance des chars a eu des conséquences fâcheuses.
Que s’était-il donc passé ? Le bataillon attendu, le I/36° RI, appartient à un régiment de la 35° Division d’Infanterie chargée de relever la 3° DIM. Ce bataillon vient de la forêt de Woëvre à pied par Louppy et Dun sur Meuse. La 7° compagnie était prête à embarquer à 2 h, mais les camions ne sont arrivés à Villers devant Dun qu’à 4 h et en nombre insuffisant. Les chauffeurs hésitent à prendre la route que le mouchard surveille en permanence et que l’aviation mitraille dès qu’elle est alertée.
Ils décident finalement d’embarquer la troupe en limitant le matériel à deux pièces par section de mitrailleuses. Le reste viendra plus tard : les armes lourdes (mitrailleuses lourdes et canons de 25) …. Ils débarquent les hommes à 500 m à l’Est de Germont (Gare d’Autruche). Les hommes doivent continuer à pied : 10 km à parcourir via Authe puis à travers champs, à la boussole jusque Verrières, miraculeusement protégés par un brouillard bienvenu car il éloigne l’aviation ennemie.
Ce brouillard disparaît en traversant le village et permet à la troupe de gagner le Bois de Sy et le village de Sy. Ils arriveront à Verrières dans la matinée et progresseront vers Sy à 16 h, sous les yeux du mouchard et d’une saucisse d’observation installée vers Raucourt. Ils sont avertis de leur participation à une contre-attaque avec appui de chars, d’artillerie et même d’aviation (!!).
A l’heure prévue, il faut gagner le carrefour de Nociève mais c’est mission presque impossible car le mouchard les a repérés et règle des salves d’artillerie qui arrosent la route de Sy à Nociève, les obligeant à se jeter dans les fossés et à prendre ainsi du retard. Ils parviennent au carrefour exténués. Ils doivent gagner les pentes du Bois
Triangulaire sous les tirs ennemis et n’y arrivent que vers 18h30.
L’attaque démarre comme prévu, mais sans préparation d’artillerie et sans couverture aérienne…Leur armement est incomplet ; aucune reconnaissance n’a pu être faite ; aucun contact n’a pu être pris avec les unités voisines…L’attaque démarre dans de mauvaises conditions. La 7°Compagnie atteint la cote 276 sous un feu nourri qui lui cause des pertes sensibles. Les hommes dévalent vers Nociève sous les rafales et la mitraille et gagnent le Bois Triangulaire. Le Sous Lieutenant Richard, commandant la 2° section, a le bras droit arraché. Ses deux chefs de groupe sont tués. La 6° compagnie parvient aux abords de la ferme du Moulinot. Les objectifs de la 7° Compagnie, décimée, sont repris par la 5°. Le capitaine Miray a installé le PC du bataillon à la corne Est du Bois Triangulaire. Harassés par leur longue marche, épuisés par une nuit sans sommeil, fourbus sous la charge de leur matériel, les éléments du II/36° RI n’apportent pas l’aide espérée, mais en revanche, ils subissent des pertes sensibles.
Après 1h 30 de combat, les chars du 49° BCC doivent se replier au Bois de Sy. Sur 14 présents, 10 ont été engagés. 3 hors service ont du être abandonnés dans les lignes Les 7 autres ont subi de graves dégâts et doivent être envoyés en révision. Ils partiront le 26 en gare de Challerange. Le Lt Dumont revient la nuit en side-car pour faire sauter les 3 chars abandonnés. « Trois gerbes d’étincelles illuminent le ciel » écrit-il. Le bataillon épuisé passe en réserve d’armée. Les effectifs qui étaient de 690 le 20 avril sont réduits à 477 le 10 juin…
Au 93° GRDI, les 47 cavaliers rescapés du 2° escadron motorisé progressent par bonds vers Tannay mais ils se font décimer en 20 minutes par un tir de barrage très dense.
Le Bois Uchon est la cible du feu roulant de l’artillerie ennemie : le 6° GRDI qui y séjourne subit de lourdes pertes dont le commandant Bodelot et le capitaine Renault tous deux tués sur place. Les batteries du 42° et 242° RA ont quitté Sy pour Verrières. Seul demeure le 1er groupe à la Fontaine Uchon qui subit lui aussi les violents tirs d’artillerie et de mitrailleuses : beaucoup de matériel est détruit ou rendu inutilisable : 1 canon (4° pièce de la 3° batterie), 1 mitrailleuse, 6 caissons, 2 voitures, 6 tracteurs, 2 remorques téléphoniques, 2 camionnettes, 4 motos…La situation est devenue intenable. A 19 h arrive l’ordre de se porter au SO de Sy, au Gros Buisson. Le déménagement se fait sous le feu de l’ennemi, partie à bras à travers champs, traversant le ruisseau des Armoises sur une passerelle, partie par la route de Sy (véhicules).
A 19 h, le 4° Régiment de Spahis Marocains subit quelques poussées ennemies, à l’Ouest de Oches finalement maîtrisées. Le commandant Brunot constate avec surprise et soulagement, que des colonnes ennemies effectuent un retrait sur La Berlière. Dans le même temps, le commandant VIVET (42° BCC) vient dépanner ses chars embourbés. Lui aussi observe le repli des troupes allemandes au Nord de La Berlière et l’activité de brancardiers qui relèvent des blessés à la croupe dominant les deux villages des Grandes Armoises et La Berlière.
A la cote 276, le colonel Caldairou du 14° GRCA prévoit le retrait du groupe moto. Le poste de secours est submergé de blessés (82 dans l seule matinée). Il fait appel à des véhicules supplémentaires pour les transporter au Groupe Sanitaire Divisionnaire installé à Quatre Champs.
L’artillerie ennemie installée dans les vergers d’Armageat, toujours guidée par le mouchard, prend la crête au-dessus de Tannay pour cible : percutants, schrapnells s’ajoutent à la densité des tirs de mitrailleuses. Les hommes tombent les uns après les autres, y compris le capitaine Charlois. Puis les tirs s’estompent soudain quand la troupe ennemie atteint le sommet de la côte : c’est une hallucinante marée de fantassins, de 1 500 à 2 000 disent les survivants du 93° GRDI. Ces derniers se rendent et sont faits prisonniers, sauf un chef mitrailleur froidement abattu sur place par un officier surexcité. Ils sont sur les nerfs car leurs pertes sont importantes : un prisonnier emmené par Tannay et derrière le canal déclare avoir longé un tas de cadavres allongés les uns sur les autres de 50 m de long et un bon mètre de haut…
De chaque côté, les troupes sont épuisées et ont subi de lourdes pertes. Le 16° BCP est réduit à 300.
L’attaque est stoppée et les fantassins se regroupent au Bois triangulaire tenu par le 8° Chasseurs (3° escadron) alors que l’ennemi tente encore quelques attaques vers le bois. Avec la nuit, le calme général revient.
Entre les lignes, de nombreux corps gisent sur le terrain et on bute sur des armes, des antichars détruits, des épaves de chars et d’automitrailleuses.
A 20 h, les batteries du 45° RA qui viennent de quitter le Bois Uchon sont installées en bordure du Bois de Sy et la 1ère tire aussitôt 200 coups sur la crête, entre Tannay et Sy.
A la tombée de la nuit, la 5° Cie du I/36° RI (Lieutenant Durant) repousse l’ennemi d’un petit bois situé en dessous de la cote 276, sur la pente Nord-Ouest, à quelques centaines de mètres de la ferme du Moulinot. Des mitrailleuses sont installées sur la crête ainsi que 2 pièces de 25 du 93° GRDI.
Les Allemands profitent de la nuit pour se replier. Le moral commence à remonter chez les Français !
Stupeur et joie ! Voici qu’arrive l’ordre de relève de la 3° DIM par la 35° DI, ordre à exécuter le soir même. Cet ordre de relève prévoit la constitution d’une ligne de résistance allant du canal des Ardennes au-dessus de Pont Bar, au Bois de Sy, Oches, la ferme d’Isly, Le Bois du Four et la route de Beaumont.
La relève générale est prévue pour les 24 et 25 mai. Le 16° BCP reçoit l’ordre de relève à 22 h avec comme itinéraire Les Petites Armoises, Belleville, Boult aux Bois, Grandpré.
La 3° DIM doit abandonner le saillant du Bois du Mont Dieu et gagner des bases arrière. Les nouvelles unités se positionnent progressivement sur la ligne de défense rectifiée.
A 22 heures arrivent les premiers éléments de la 35° DI.
La 3° DIM commence son repli dans la nuit sous la protection du groupe Gaillard à l’Ouest (secteur canal des Ardennes-Chantreune) et du groupe Jouffrault à l’Est (cote 228-Bois du Fay- Noires Terres- Oches).
Tannay est aux mains de l’ennemi qui maîtrise les pentes Ouest des collines allant à la cote 276.
Les seuls accès libres sont les routes de Verrières vers Brieulles sur Bar et de Saint Pierremont vers Buzancy.
Dans le secteur de OCHES, le bataillon de chars Vivet est retiré.
Le 123° RI (35° DI) est attendu ; le 2° bataillon doit s’installer entre Oches et la cote 221, le 1er entre la cote 201, la cote La Garenne et Le Chenet.
De Oches à Ferme d’Isly, Sommauthe et Bois du Four (route de Beaumont), c’est la 6° DI qui relève la 6° DIC. Elle s’intègre entre la 35° DI à gauche et la 1° DIC à droite.
Le 74° RI vient de Stenay par Nouart, Buzancy, Fossé, Belval, Vaux en Dieulet. Le colonel Maisse vient reconnaître les emplacements vers 16 h ; il décide d’installer son PC dans une contre-pente, au Nord du village, près de la Croix de Sommauthe, car il tient à s’éloigner des habitations vite repérées et plus dangereuses en cas de bombardement. Ce régiment vient de subir l’enfer d’Inor-Martincourt, du 16 au 21 mai. Il a subi de lourdes pertes. Mis au repos, il est brutalement rappelé. La veille, il a franchi la Meuse à Stenay sur un pont de bateaux et il est venu à marche forcée jusqu’au Bois de la Folie, entre Nouart et Buzancy, soit 22 km.
Le 36° RI est affecté au secteur Ouest ; le 74° RI au centre et le 119° RI à l’Est. Chacun engagera deux bataillons (les 1er et 2°), le 3° demeurant en réserve, ainsi que le 13° GRDI.
Ces unités ne seront en place que le lendemain matin. (Voir secteur Mont Damion-Oches).
Secteur EST : Mont Dieu – Mont Damion
Après une nuit assez calme, le 11/91° RI est parvenu à se regrouper au Bois du Fay.
Arrive un groupe de permissionnaires du 51° RI avec un officier : le lieutenant Rousselot. Une mission lui est confiée : partant de la corne de la vallée d’Ecogne (au Nord du Bois de Sy), gagner la lisière Sud du Bois du Fay pour aller renforcer la liaison 67/51° RI au Crochet. Mais elle doit d’abord intervenir avec le 4° RSM de la 1° Brigade de Spahis pour repousser les tentatives allemandes qui tentent de rompre la ligne de résistance française et de gagner Verrières. L’attaque a lieu vers la cote 243, à l’Ouest de La Berlière. Mais, sans doute repérée par le mouchard, elle est rapidement la cible de violents tirs d’artillerie et de nombreux tirs d’armes automatiques venant des hauteurs du Nord (sommet de la route La Berlière-Grandes Armoises). Trop isolée, cette contre-attaque avorte. Tous les cadres sont ou tués ou blessés.
Vu cet échec, un groupe d’automitrailleuses du 1er escadron du 6° GRDI (capitaine d’Estrée) accompagné d’un peloton moto est mis à la disposition des Spahis. Ils interviennent entre la corne du Bois de Sy et Oches et repoussent l’ennemi.
En forêt du Mont Dieu, les situations sont variées :
– le 91° RI tient les lisières Nord, derrière le fossé antichars sans difficulté,
– Le 51° RI tient le Vivier. Les attaques répétées dans les Bois de l’Étang Fourchu sont toutes contenues et repoussées, l’ennemi subissant ici et là de lourdes pertes. Mais entre le Bois de l’Étang Fourchu et le plateau de Stonne, la situation est confuse : la lisière Est du bois n’est pas couverte. Elle devrait l’être par le I/67 RI, mais ce bataillon a perdu beaucoup d’hommes et il ne peut couvrir l’espace du Crochet (angle Sud) à la Gringenesse (SO Stonne) ; la liaison avec le III/51° RI postée autour de La Grange au Mont n’est pas réalisée. De ce fait, des patrouilles découvrent à 15 h des éléments ennemis infiltrés dans leur dos.
A 15h30, le secteur de la ferme La Grange au Mont est pris pour cible par des tirs d’artillerie avec fusants. Ils fracassent des positions de mitrailleuses et entraînent des pertes conséquentes, notamment la mort du sergent-chef Volckrick.
Le commandement a prévu de faire intervenir une compagnie de chars pour rétablir la situation. C’est la 2° compagnie (Lieutenant Lannefranque) du 42° BCC (chars H 39) ainsi qu’ un char du 45° BCC qui est chargée de cette mission.
A 17 h 30, 11 chars partent du Bois de Sy, gagnent Les Grandes Armoises et le chemin de La Grange au Mont. Au virage du haut, des fûts d’essence camouflent un antichar que quelques tirs ont vite fait de détruire mais l’essence des fûts se vide et s’enflamme ; elle dévale le chemin heureusement en pente si bien qu’elle finit au fossé. Les chars virent à droite et s’engagent dans l’immense clairière. Ils tournent et longent la lisière des bois qui regorgent de troupes (2 compagnies des Ier et III° bataillons du 32° IR (24° InfanterieDivision) mis en renfort au 64° IR de la 16° InfanterieDivision. Les chars avancent en mitraillant à bout portant. Ils poursuivent ce jeu dans la grande clairière où se reposent une masse de fantassins. Surprises et désorientées, ces troupes sont des cibles faciles pour ces chars qui tournent ainsi pendant plus d’une heure, transformant la clairière en cimetière.
Un antichar se révèle devant la ferme : il est vite détruit par un coup de 37. Au Nord de la clairière, un char a une chenille détruite par un antichar ennemi. Il est sabordé et son équipage recueilli par un autre char.
Le soir tombe ; les munitions s’épuisent ; l’ordre de repli est donné.
Mais Lannefranque ignore qu’il est passé, en arrivant, près du groupe Starke caché dans les fossés, en bas du chemin. Au retour, 2 chars passent mais le char du Lieutenant est visé par 2 antichars : des tirs de 47 qui traversent le blindage. Le char suivant passe mais le suivant reçoit un obus qui bloque le frein. L’équipage réagit avec ses mitrailleuses et son canon de 37. Il élimine les 2 PAK qui avaient eu le temps d’endommager deux autres chars dont le char du Lieutenant Derupti du 45° BCC qui s’enflamme.
C’est enfin le retour aux Grandes Armoises où, à l’entrée Nord, le char de l’adjudant-chef Broussel est détruit par un antichar ennemi.
L’opération se termine par 4 chars détruits, un officier et deux sous-officiers blessés. L’ennemi a subi de très lourdes pertes qui arrêtent sa progression.
Le 42° BCC retourne au Bois Sud de Brieulles vers 21 h 30.
La ligne de front Nord se définit ainsi au soir de ce 24 mai : lisière Nord Forêt du Mont Dieu- Le Vivier- Bois de l’Étang Fourchu-La Grange au Mont-Bois du Fay-route des Grandes Armoises- abords de La Berlière-Sud du Mont du Cygne-Oches.
La Wehrmacht n’a donc pu réussir les deux encerclements prévus, bien qu’elle ait gagné du terrain. Elle a payé très cher ses efforts répétés avec des effectifs pléthoriques pour tenter de réussir.
25 mai : la relève
L’ordre de relève est diffusé en fin de soirée du 24 mai. Mais vu la dispersion des unités, il leur parvient de manière irrégulière.
Les chars ont quitté le secteur des combats. Ils ont reçu l’ordre de se rassembler
– le 49° BCC et le 45° BCC en forêt de Boult aux Bois (Argonne)
– le 42° BCC dans un bois près de Brieulles sur Bar puis à Boult aux Bois
– le 41° BCC a reçu ordres et contrordres pour finalement échouer à Sivry.
Le 16° BCP a ordre de se replier sur Les Petites Armoises, Belleville, Boult aux Bois et ensuite Grandpré.
L’infanterie de la 3° DIM doit exécuter un repli selon le programme suivant :
– le 91° RI doit passer à la cote 229 à 0 h 30. Il installera son PC à Noirval.
– le 51° RI, passant par La Correrie et Le Crochet et protégé par un peloton moto, doit suivre à 1 h 30 et se diriger vers Sy et Brieulles sur Bar.
– le 67° RI doit suivre à 2 h 30. Il installera son PC à la station d’Autruche. Le I/67, averti tardivement, gagne Oches à 4 h et rejoint ensuite le gros du régiment.
Les derniers décrochent vers 8 h 30.
L’artillerie de la 3° DIM (42° et 242° RA) reste en renfort de la 35° Division jusqu’au 7 juin. Elle s’installe dans le secteur d’Autruche.
Un grand calme règne dans le camp adverse, lui aussi très éprouvé. Seuls quelques tirs d’artillerie balafrent l’obscurité. Un obus tue le commandant Daudré et le Lieutenant Poisson, en queue du III/51° RI, sur la route menant de Sy au Bois de Sy.
Ces tirs sporadiques font plusieurs blessés.
Pendant ce temps, les unités de la 35° Division d’Infanterie s’installent.
les monuments et stèles (une partie)
Sources
3° DIM :
Historique du général Bertin-Boussu
Le contesté contestataire par Bernard Horen
Historique des combats de Tannay par R Avignon
Les combats à Stonne colonel Sereau
Le coup d’arrêt de la 3° DIM colonel Devaux-Charbonnel Livret historique de la 3° DIM Michel Fauqueux
Livret du 30° anniversaire par B Humbert
Livret du 50° anniversaire par Etienne Lor
Avec la 3° DIM à Stonne Bonoteaux
67° RI :
Journal de marche du II/67
Rapport de Tarle sur I/67
Témoignage de Marcel Dusautoy jour par jour
Rapport du Lieutenant Gagelin
Rapport de l’aspirant Demesy
Rapport du commandant May
Souvenirs du Sergent Janneau
Les Cendrières : Rapport du Lieutenant Crambes
Témoignage de François d’Etat Livret de Jean Clouet Témoignage de Louis Levent
Ravin de la Mort Témoignage de M. Desperrier
+ correspondances avec des rescapés
51° RI :
Journal de marche
Historique
Carnet de route de Jean Aubry
documentation concernant sergent-chef Volckrick
91° RI :
Témoignage sur le II/91 par L Dudebout
Rapport du Sgt-chef Couvreur
Correspondances avec survivants
ARTILLERIE
L’artillerie à Sy livret de Jean-Pierre Levieux
Campagne de France d’un artilleur B Humbert
Exposé du Lieutenant Bouissoux
Extraits historique du 242° RADTTT
Journal de marche de la 16° batterie 6°gr 242° RADTTT La 301° batterie antichars
La 702° batterie antichars et DCA
PAD3 :
Journal de marche Section auto de munitions 203 rapport d’André Sery
Les Groupes de Reconnaissance
Groupement Gallini :
rapport du colonel Gallini
Historique du 14° GRCA par lieutenant-colonel Gallini
93° GRDI :
Le 93° GRDI du 16 au 24 mai par Roger Avignon
Le 15 mai par Roger Avignon
divers courriers de R Avignon
12° GRCA :
Extraits de l’historique par capitaine Simonin
Dossier du capitaine Lescot
1° Hussards :
Historique du 1er Hussards colonel Boisseau
Bercheny dans les Ardennes
6° GRDI :
L’épopée du 6° GRDI revue spéciale par Erik Barbanson carnet de route du lieutenant Fr. de Salaberry
Journal de marche du 6° GRDI (SHA)
Journal de marche de Hocquart (mitr. et canons)
Le 6° GRDI Pierre Gourdain
courriers de Salaberry-Lt col Dufour Catelain
3° Division Cuirassée
Sedan et les chars général Buisson (La Grive)
L’action de la 3° DCR en mai 1940 (bulletin 3° DIM) Historique 3° DCR 14-15-16 mai Bulletin amicale 3° DCR Baïonnettes contre chars lt colonel Hurbin (RHA) Cinquantenaire des combats de 1940 UNABCC
Le ravitaillement des chars en carburant (Histoire de Guerre) L’armée blindée française G Saint Martin
L’engagement des chars SHA
Note sur l’organisation de la 3° DCR général Brocard Compte-rendu des mouvements et opérations gén. Brocard L’exécution des prescriptions Aurélin SHAT
La 3° DCR dans la bataille des Ardennes SHAT
Historique de la 3° DCR capitaine Brusant SHAT
Historique des 14 et 15 mai général Buisson SHAT
Rapport du lieutenant colonel Devaux SHAT
Résumé des opérations 12-25 mai colonel Fonsegrive SHAT Historique 14 mai – 16 juin général Buisson SHAT
Commission d’enquête parlementaire de 1948 SHAT
41° BCC :
Historique R Avignon Th Faucheret
Journal de marche commandant Malaguti
Témoignage du capitaine Krebs : fraternité d’armes
Journal de guerre René Tuffet
Journal de marche de 2° Cie par capitaine Gasc
Organigramme 41° BCC 10, 13, 14, 16, 18, 31 mai par R Avignon le char Eure J Hachet
42° BCC :
Journal de marche opérationnel
Les hommes du 42° BCC
La 11° Cie du 51° RI face aux chars
Dossier Lannefranque
L’attaque du 24 mai
45° BCC Gie :
Journal de Marche Rapport du général Bézanger sur les H 39 Fiches de Besse
JMO 1° Cie + JMO 1° Cie 2° Section
Exposé du général Bonardi
Le 45° BCC au combat (L’Essor)
Le 45° BCCGie par Richard Zielinski
Récits de Roger Avignon illustrés par l’abbé Dumuis
Témoignage de l’adjudent-chef Fontaine
Rapport du Lieutenant Chambert
Le 45° BCC dans les Ardennes par caapitaine Bouissous L’extrordinaire aventure du Lt Marsault et du chasseur Lalaison Le 45° BCC vu par le chef d’escadron Menneteau (Cie d’échelon) correspondances H. Fontaine / général Versock
49° BCC :
Journal de marche
Journal de marche par Préclaire
Journal de marche 2° Cie par lieutenant Dumont
Dossier Léon Honor char Ribeauvillé
4° BCC :
La 2° compagnie du lieutenant Lucca à Stonne
Historique du 4° BCC par Michel Bureau
Livret Roger Capsek lieutenant : souvenirs de Fontenois
3° BCC :
Historique
Journal de Marche Opérationnel
Relation du chef de bataillon Poudroux
Témoignage du lieutenant Lagrange
16° BCP :
Chasseurs à pied, au combat 16-23 mai par général de Susbielle Historique du 16° BCP
Témoignage de G Gillotin
319° RATTT :
Journal de marche
affaire Nifenecker
5° DLC :
Journal de marche (SHAT)
5° RAM par colonel Evain
Le 12° Chasseurs à Malmy : Herbray de Pouzals-lieutenant de Fombelle-Marcel Lavenu-Bernard Fournier-Jean Lyrhans
Le 78° régiment d’artillerie
Documentation allemande :
La 24° ID dans le secteur Tannay-Mont Dieu Ph Humbert Historique 24° ID
Historique 16° ID
Le II° bataillon de l’IRGD
La 14° compagnie antichars
Le 43° bataillon de pionniers d’assaut
Correspondance et échanges avec général von Schwerin
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